Les difficultés de communication et d’interaction chez la personne autiste

Mieux comprendre pour mieux intervenir

Le trouble du spectre autistique (TSA) ; qu’est-ce que c’est?

La cinquième édition du manuel diagnostique et statistiques des troubles mentaux (DSM-5) de l’Association américaine de psychiatrie (APA) décrit maintenant le trouble du spectre de l’autisme comme un continuum qui est représenté par «le spectre autistique». Celui-ci inclus les appellations antérieures suivantes : trouble autistique, syndrome d’Asperger, TED non spécifié, trouble désintégratif de l’enfance et le syndrome de Rett. Oui, je sais, ça fait beaucoup de mots compliqués à l’intérieur de deux phrases au fil de la lecture, cela deviendra plus clair pour toi !

Pour obtenir un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA), le DSM-5 décrit deux critères à rencontrer : les déficits dans la communication et les interactions sociales ainsi qu’un caractère restreint et répétitif des comportements, intérêts et activités. Si c’est encore flou, on ne lâche pas, on va démêler tout cela dans un langage plus simple. Voyons d’abord ce qu’implique un déficit dans la communication et les interactions sociales.

Les difficultés de communication ; qu’est-ce que ça implique?

D’abord, on doit garder à l’esprit le mot « spectre », ce qui signifie qu’on retrouve plusieurs profils de personnes autistes. Sur le plan de la communication, on peut rencontrer une personne autiste non verbale comme une personne autiste qui s’exprime dans un langage clair et compréhensible. Pour certaines personnes autistes, on doit se rappeler que le déficit de la communication est moins facilement repérable par l’entourage, mais bien présent quand même.

Le trouble du spectre de l’autisme affecte également le langage non verbal. Entre autres, on pourra observer des difficultés dans la capacité à coordonner le regard (ex. : Jasmine répond à l’éducatrice, mais ne la regarde pas), dans l’utilisation et la réponse aux gestes qui soutiennent le langage (ex. : Un élève passe près de Thomas et le salue de la main. Thomas le regarde sans réagir) et dans l’intonation et l’expression faciale avec son interlocuteur (ex. : Samuel raconte comment il a cassé son bras avec un ton et un visage neutres.).

Le manque de réciprocité sociale peut aussi être observé à différents degrés. Celui-ci peut se manifester de différentes façons (ex. : Certaines personnes autistes monologuent sans tenir compte de la disponibilité de la personne, du contexte et de la quantité d’informations pertinentes à donner en fonction de l'interlocuteur. D’autres répondent aux questions qui leur sont posées sans nourrir le dialogue à leur tour, etc.).

Les difficultés d’interaction ; comment ça se manifeste?

La personne autiste présente des défis plus ou moins grands dans les interactions sociales. Certaines personnes peuvent éviter les interactions sociales et ne pas réagir à la présence des autres. Une proportion de personnes autistes démontrent de l’intérêt à créer des liens, mais ne comprennent pas bien comment s’y prendre et présentent des difficultés à prendre en compte le point de vue des autres. Ce qui crée régulièrement des échecs dans leurs tentatives d’entrer en interaction (p. ex. : Jade a 6 ans. Elle adore les chevaux et connaît un nombre impressionnant d’informations à ce sujet. Jade aimerait jouer avec les deux autres petites filles de son local. Elle entre en interaction en parlant instantanément des chevaux sans tenir compte du jeu en cours des autres enfants. Les petites filles s’éloignent après quelques minutes de monologue.)

Qui peut aider l’enfant?

La spécialiste de la communication est l’orthophoniste. Celle-ci est autorisée à évaluer et à rédiger le plan d’intervention. L’orthophoniste sera donc une incontournable pour soutenir le développement de la communication et les interactions sociales chez l’enfant autiste.

De son côté, l’éducatrice spécialisée est formée pour soutenir l’adaptation de la personne dans son milieu de vie ainsi que son intégration. Elle est également formée pour soutenir le développement en appliquant les recommandations émises dans les différents plans d’intervention des professionnel.le.s dont le plan d’intervention en orthophonie.

Bien que l’éducatrice spécialisée soit autorisée à stimuler le langage, l’intervenante en stimulation du langage a une formation complète et spécifique dans cet aspect du développement. En d’autres mots, elle est une spécialiste de la stimulation du langage. Elle peut offrir de la stimulation globale (en se référant aux normes reliées à l’âge) ou proposer une stimulation spécifique à l’enfant lorsqu’un plan d’intervention en orthophonie est en place.

Chacune de ces personnes peut apporter un aspect spécifique et contribuer à l’avancement de l’enfant.

Est-ce qu’on peut espérer une évolution positive?

Bien qu’il y ait des difficultés plus ou moins grandes, il faut garder à l’esprit qu’une personne autiste peut évoluer et qu’une difficulté actuelle ne veut pas nécessairement dire une difficulté pour toujours. En voici un exemple particulièrement extraordinaire : Carly Fleischmann est une jeune femme autiste et non-verbale. Elle a été diagnostiquée autiste sévère et atteinte d’apraxie oralo-motrice à l’âge de deux ans. À l’âge de 10 ans, elle communique pour la première fois en tapant un mot sur un clavier. Carly sera scolarisée dans une école ordinaire, dans une classe pour enfants doués. Plus tard, elle a interviewé différentes personnalités connues à l’aide de son clavier et a co-écrit un livre avec son père.

Certes, nous ne pouvons pas garantir comment l’enfant se développera au fil des années, mais l’idée est de l’accompagner en nourrissant la croyance que l’enfant peut évoluer. Cet état d’esprit créera un climat favorable et l’adulte offrira plus aisément des opportunités d’apprentissage à l’enfant. De ce fait, l’enfant sera plus susceptible d’atteindre son plein potentiel. Tu peux faire une différence positive et significative dans la vie de la personne autiste que tu accompagnes!

Vanessa Michaud, Éducatrice spécialisée et intervenante en stimulation du langage

Livre

Rogers.J.S, Dawson.G, Vismara.A.L. L’intervention précoce en autisme pour les parents avec le modèle de Denver. France : Dunod.

Ressources informatiques

Association francophones des femmes autistes. Comment Carly, jeune femme autiste et non-verbale, a trouvé sa voix et sa voie. Récupéré le 27 mai : https://femmesautistesfrancophones.com/2017/11/27/comment-carly-jeune-femme-avec-autisme-et-non-verbale-a-trouve-sa-voix-et-sa-voie/

CENOP. Autisme : perturbations de la relation sociale, anomalie de la communication. Récupéré le 22 mai 2024 :  https://cenop.ca/troubles-comportement/troubles-spectre-autisme-tsa/autisme-perturbations-de-la-relation-sociale-anomalies-de-la-communication/

Comprendre l’autisme. La communication et les interactions sociales. Récupéré le 22 mai 2024 : https://comprendrelautisme.com/le-fonctionnement/la-communication-et-les-interactions-sociales/

Université de Sherbrooke. L’effet Pygmalion, ou comment influencer la réussite. Récupéré le 08 juillet 2024 : https://www.usherbrooke.ca/etudiants/actualites/histoire-orientation/details/46985